Impact des mesures de santé publique restrictives sur les résidents des établissements de soins de longue durée, leurs familles et le personnel soignant
Question: Quel est l’impact des mesures restrictives de santé publique relatives à la COVID‑19 sur les résidents des établissements de soins de longue durée, leurs familles et le personnel des établissements, en termes de répercussions psychosociales, financières et sur la prestation de soins ?
Résumé exécutif
Au début de la pandémie, un nombre disproportionné de résidents d’établissements de soins de longue durée (ÉSLD) au Canada sont morts de la COVID-1951. Ces décès ont eu un impact dévastateur. Les taux de mortalité dans les ÉSTD ont atteint jusqu’à 64 %, alors que les taux de mortalité annuels avant la pandémie se situaient entre 27 % et 52 %.
Les différentes vagues de la pandémie de COVID‑19 ont entraîné l’imposition, la levée et, dans certains cas, la réimposition de mesures de santé publique restrictives dans les établissements de soins de longue durée. Ces mesures comprenaient des restrictions concernant les visiteurs, les déplacements du personnel et des résidents, et la suspension des activités de loisirs. La question de l’efficacité de ces mesures – à savoir si elles ont permis de réduire la transmission de la COVID‑19 – dépasse le cadre de cette Note d’enjeux. Le présent document décrit l’impact des mesures restrictives sur les résidents des établissements de soins, les familles et le personnel.
Les principales conclusions sur les impacts des mesures restrictives de santé publique dans les ÉSLD sont les suivantes :
- Impact sur les résidents : ceci comprend la solitude aiguë, la dépression, les problèmes d’humeur et de comportement, ainsi que l’aggravation des signes et symptômes de démence. Nombre de ces problèmes existaient déjà avant la pandémie et ont été aggravés par les mesures restrictives. Les résidents souffrant de troubles cognitifs et de démence ont rarement fait l’objet d’études : on en sait donc moins sur les répercussions sur ce groupe, si ce n’est que l’on reconnaît qu’il y a eu une augmentation significative de l’utilisation de médicaments psychotropes pendant la pandémie.
- Impact sur les familles et les amis en tant que soignants : ceci comprend les impacts psychologiques et les impacts liés à la perturbation de leur rôle de soignants. Les familles subissent un double traumatisme, car elles sont affectées par les répercussions sur leurs proches et elles souffrent également de leur propre douleur psychologique. Les soins et le soutien informels fournis par les familles et amis sont considérés comme vitaux pour les résidents. Or, lorsque des restrictions ont empêché les familles et amis de fournir ces soins, cela a été durement ressenti par les résidents (qui ont vu leur bien-être décliner) et par le personnel (qui s’est retrouvé sans l’aide supplémentaire fournie par les familles).
- Impact sur le personnel : le personnel dans les ÉSLD a également subi des impacts psychologiques et des impacts liés aux changements dans son rôle, aux processus de soins et à l’augmentation de la charge de travail. Les répercussions psychologiques différaient de celles chez les membres de la famille en ce sens que le personnel avait des angoisses particulières liées au fait d’être les exécutants de politiques restrictives, d’être blâmé pour l’introduction et la propagation de la COVID‑19 et d’être démoralisé par la couverture médiatique négative des établissements de soins de longue durée par rapport à la reconnaissance héroïque accordée aux travailleurs hospitaliers.
- Impact sur la sécurité et les droits : il est nécessaire de trouver un équilibre, de planifier de manière proactive et d’atténuer les risques. En raison des impacts significatifs, il est nécessaire de « trouver un équilibre » entre la sécurité et les droits. Beaucoup de personnes s’accordent à dire que les mesures qui augmentent l’isolement doivent être accompagnées de mesures d’atténuation ou d’une préparation proactive pour augmenter le personnel et les processus de travail afin de s’adapter aux mesures. Il est nécessaire d’adopter une approche équilibrée, permettant d’empêcher l’introduction de la COVID‑19 dans les ÉSLD, et de faire en sorte que les familles fournissent aux résidents les contacts, le soutien et les soins dont ils ont tant besoin. Selon la plupart des articles examinés, il faut éviter les interdictions globales de visite.
- Impact des vaccinations sur les cas et les décès : il faut se concentrer davantage sur la lutte contre les infections que sur les mesures restrictives. Compte tenu de l’émergence de données probantes relatives à l’impact positif de la vaccination sur les cas et les décès dans les ÉSLD, on pourrait mettre relativement davantage l’accent sur les mesures de contrôle des infections que sur les mesures restrictives, en se concentrant plutôt sur le masquage, la distanciation physique et l’hygiène des mains. Cependant, le traumatisme occasionné récemment par les infections et les décès dans les établissements de soins de longue durée pourrait empêcher les ÉSLD et les familles de mettre pleinement en œuvre et d’apprécier des mesures moins restrictives, même lorsqu’elles sont en mesure de le faire. Les médias rapportent déjà que de nombreuses personnes sont « vaccinées et demeurent toujours seules et confinées à l’intérieur ».
Limites
- Relevant information may have been missed given that the search and report were completed within a short timDes informations pertinentes peuvent avoir été manquées étant donné que la recherche et la rédaction de cette Note d’enjeux ont été effectués dans un délai très court.
- Nous n’avons pas évalué la qualité des données.
- Compte tenu de l’état des données, certaines informations et considérations clés sont basées sur des témoignages anecdotiques et relèvent donc de l’opinion d’experts plutôt que de données probantes.
- Seules des ressources en langue anglaise ont été consultées.
Recherches à l’avenir et lacunes dans les connaissances
Il faudra effectuer des recherches à l’avenir afin de vérifier les points suivants :
- Impacts on nursing home residents who have dementia, since majority of qualitative studies survey residents without demLes impacts sur les résidents des ÉSLD qui sont atteints de démence, puisque la majorité des études qualitatives interrogent des résidents non atteints de démence.
- L’impact des restrictions sur le personnel des ÉSLD, qui est principalement composé de femmes issues de groupes minoritaires, pour lesquelles il existe des associations connues telles un taux de rotation élevé, de faibles salaires, ainsi qu’un manque de soutien institutionnel et sociétal.
- Les influences culturelles sur la façon dont les mesures restrictives sont perçues par différents groupes – par exemple, certaines cultures asiatiques acceptent plus facilement les mesures restrictives dans les ÉSLD.
- Les impacts financiers des restrictions sur les soignants et le personnel en ce qui concerne, par exemple, le manque à gagner, la précarité de l’emploi et la réduction du soutien financier – ces sujets ayant fait l’objet de peu d’études jusqu’à présent.
- L’impact de l’utilisation des technologies de communication à distance sur l’amélioration de la santé mentale des résidents, puisque ces technologies sont considérées comme une alternative aux visites en personne. Les enquêtes directes auprès des résidents sur la satisfaction et l’impact de ces technologies sur leur santé mentale sont rares.
- L’impact des restrictions autres que les restrictions de visite, ce sujet ayant fait l’objet de peu d’études. Il s’agit notamment de l’impact de la restriction des déplacements et des transports (une telle restriction pouvant à son tour affecter l’accès aux soins et aux services de santé), et de la restriction des activités des résidents (y compris les activités récréatives et les repas en commun).
- L’impact de l’âgisme dans la conception et la mise en œuvre des mesures restrictives dans les établissements de soins. L’âgisme est considéré par certains experts comme un système de croyances qui encourage la dévalorisation des personnes âgées, maintient le sous-investissement dans les établissements de soins et influence la conception des mesures restrictives.