Être autochtone et étudier à l’université en temps de pandémie : mieux comprendre les impacts de la COVID‑19 sur les parcours scolaires des étudiant.es autochtones de l’UQAC

Bizot, Dominique | $25,000

Quebec Université du Québec à Chicoutimi 2021 SSHRC


Le contexte de pandémie et les mesures sanitaires liées à la COVID‑19 semblent exacerber la détresse psychologique chez l’ensemble de la population [1,5]. Les études démontrent que le contexte pandémique tend à accentuer les inégalités sociales préexistantes parmi les populations marginalisées tout comme au sein des communautés autochtones [6,8]. Dans une lettre ouverte publiée le 7 avril 2020 à l’attention du Premier Ministre du Canada et de ses ministres, près d’une centaine de chercheur·euses ont fait un appel à l’aide pour signaler la situation préoccupante des communautés autochtones face à la COVID-19, décriant principalement l’insécurité alimentaire que vivent ces dernières ainsi que leur vulnérabilité face aux maladies infectieuses [9]. En effet, l’histoire démontre que les peuples autochtones de partout dans le monde ont davantage été touchés par les pandémies, qu’il soit question de la grippe espagnole en 1918 ou de la plus récente H1N1 en 2009 [8]. Les taux d’hospitalisation et de mortalité liés à la H1N1 chez les Premiers Peuples du Canada comme dans d’autres pays ont été de trois à huit fois plus élevés que ceux du reste de la population [8,10,11]. Ces chiffres s’expliquent en partie par la prépondérance de certaines maladies cardiovasculaires et pulmonaires, ainsi que par celle du diabète chez les Autochtones [10,12,17].

Les étudiant·es universitaires étant déjà confronté·es à plusieurs réalités ayant des impacts négatifs sur leur parcours universitaire, il est opportun de penser que la pandémie puisse avoir engendré de nouvelles difficultés et accentué celles préexistantes. Les incertitudes quant à la reprise des cours, la prestation des cours en mode virtuel, le stress financier ainsi que la réorganisation du parcours scolaire face à tous ces changements ne sont que quelques exemples des situations pouvant avoir causé une détresse psychologique accrue chez les étudiant·es durant la COVID-19. Dans ce contexte pandémique, en partenariat avec le Centre d’amitié autochtone de Sept-Îles et en collaboration avec celui de Saguenay, des chercheur·euses se sont regroupé·es afin de mener un projet de recherche. Le but de cette étude consiste d’abord à approfondir la compréhension du parcours scolaire des Autochtones à l’UQAC en période de crise sanitaire due au coronavirus et à formuler des recommandations pour adapter les services et les stratégies de communication aux réalités de cette population étudiante. De plus, avec l’aide des étudiant·es autochtones des campus de Chicoutimi et de Sept-Îles, par l’entremise de deux entrevues individuelles, d’un cercle de partage et d’un « Digital Storytelling », nous souhaitons mobiliser leur vécu pour identifier les stratégies qu’iels ont développées pour faire face à la pandémie. Cette démarche permettra à la fois une meilleure adéquation des services offerts aux Autochtones à l’UQAC ainsi que l’autochtonisation des modes de soutien offert à l’ensemble des étudiant·es sur les campus. Il importera aussi d’identifier avec les étudiant·es des Premières Nations les différents aspects aménagés lors de la pandémie qui ont nui à leur parcours scolaire et personnel. Ceci permettra d’abord de décoloniser certaines pratiques dans l’espoir de pouvoir favoriser l’autochtonisation du milieu universitaire. En effet, celle-ci nécessite avant tout de questionner et de déconstruire certaines approches et modes de pensées à caractère colonial qui accentuent les inégalités entre les étudiant·es autochtones et le reste de la population étudiante [18,19]. La décolonisation et l’autochtonisation des milieux universitaires viendront nécessairement par l’autodétermination des Premiers Peuples afin qu’ils définissent eux-mêmes un espace universitaire culturellement sécuritaire [20].

Avec un financement du Gouvernement du Canada

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