Asocialité et resocialisation professionnelle en contexte de stress pandémique. Une revue de portée sur la socialisation et la resocialisation numérique en travail social

Couturier, Yves | $29,770

Quebec Université de Sherbrooke 2021 SSHRC


La présente proposition de synthèse des connaissances porte sur l’émergence de l’asocialité dans les formes actuelles de socialisation numérique dans les professions du domaine de la santé et des services sociaux en général, et du travail social en particulier. Elle vise à :

1) faire la synthèse des matériaux conceptuels et méthodologiques, ainsi que des connaissances, concernant l’asocialité dans les formes émergentes de socialisation et de resocialisation numériques dans les professions du domaine de la santé et des services sociaux,

2) à en dégager les particularités pour le domaine spécifique du travail social, et

3) à distinguer conceptuellement ce qui relève, dans les processus de resocialisation, spécifiquement de l’asocialité et de la recomposition identitaire.

Les groupes professionnels sont des institutions fortement socialisées par des corps intermédiaires, comme les ordres professionnels, les syndicats, les sociétés savantes et les académies. Or, cette force instituante est altérée ou reconfigurée par de nouveaux collectifs professionnels se constituant informellement et en parallèle de ces corps intermédiaires à la faveur de l’utilisation des médias sociaux par les professionnels. Cette émergence est accélérée par le contexte pandémique, à la fois vecteur de nouvelles pratiques professionnelles de communication distantes, mais aussi de stress nouveaux chez les professionnels. Si, d’une part, cette émergence tend à affaiblir lesdits corps intermédiaires, elle contribue également à la constitution de nouvelles solidarités (Lemay, 2020). Ces nouveaux processus de socialisation peuvent ainsi participer à une certaine désidentification pouvant conduire à des formes spécifiques et peu documentées d’asocialité professionnelle, ou à des formes de retrait, de désengagement et de désertions internes des individus à l’égard de leur profession et des divers corps intermédiaires qui ont pour mission de maintenir la socialisation professionnelle traditionnelle.

L’analyse des connaissances recensées s’appuiera sur l’importante synthèse de Dubar (2015) sur la socialisation professionnelle. L’identité professionnelle est pour lui le résultat à la fois stable et provisoire, individuel et collectif, subjectif et objectif, biographique et structurel, de divers processus de socialisation. Ces processus sont traversés par des tensions empiriquement abordables par une série de transactions plus ou moins continues (identités pour soi, identité pour autrui, transactions objectives et transactions subjectives). Les données seront collectées dans le cadre d’une revue de portée (scoping review) dont la question centrale sera « Quelles sont les connaissances, les théories et les méthodologies sur la contribution des médias sociaux à la socialisation professionnelle des travailleuses sociales?»

Les résultats de l’étude permettront de mieux comprendre comment la montée de formes nouvelles d’asocialité touchent aussi les professionnels. Nos travaux participent du développement de stratégies d’avant-garde d’attraction, de maintien et de rétention en emploi en identifiant comment les collectifs de travail contribuent à la solidarité identitaire, mais aussi à des formes d’exclusion qui impactent le rapport de l’individu à sa profession.

Avec un financement du Gouvernement du Canada

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