Mission et raison d’être : réponse à la COVID‑19 et nouveau vecteur de la responsabilité sociale des entreprises ?
La COVID‑19 a mis en exergue l’importance sociétale des entreprises. Leur objectif lucratif s’en trouve remis en question. Au-delà de cette contribution à la richesse économique, leur rôle est en effet débattu. La redevabilité des entreprises envers la société s’affirme progressivement comme un principe. Dans ce contexte, l’importance de deux nouvelles notions s’impose : la mission et la raison d’être. La mission, le « quoi » d’une entreprise, renvoie aux activités quotidiennes qu’elle mène. Elle s’adresse à l’externe comme aux collaborateurs. Elle doit placer l’entreprise sur une trajectoire positive et insuffler des valeurs éthiques dans sa stratégie. La raison d’être, le « pourquoi » d’une entreprise, renvoie au sens profond de l’entreprise et à l’impossibilité de limiter sa stratégie à la seule poursuite du profit. Portées par le monde des affaires et la société civile, ces deux notions s’écartent des principes du capitalisme traditionnel. La mission et la raison d’être constituent le fondement d’évolutions législatives récentes aux États-Unis et en Europe. Le Canada est en retard, seules la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse ayant légiféré sur l’entreprise à mission. Afin de stimuler la réflexion au Canada et d’offrir une vision holistique de ces notions, un événement composé de deux colloques internationaux complémentaires sera organisé. L’objectif est tout d’abord d’évaluer la contribution des notions de mission et de raison d’être à la recherche d’une responsabilité sociale des entreprises. Ensuite, l’objectif est de déterminer la manière dont les législateurs canadien et québécois pourraient s’en saisir pour offrir une sortie de COVID‑19 répondant aux enjeux sociétaux. Au total, plus d’une dizaine de conférenciers canadiens et européens participeront. Le premier colloque, “L’entreprise à mission : un nouveau modèle au secours de l’économie et de la planète ?”, portera sur le développement juridique de l’entreprise à mission. Un état des lieux à l’international sera dressé. Le second colloque, “Raison d’être et mission : fausse promesse ou nouveaux outils pour un comportement responsable ?”, abordera les notions de raisons d’être et de mission de l’entreprise pour dégager leur impact et leur portée réelle sur la gouvernance et la responsabilité sociale. L’approche méthodologique de l’événement sera interdisciplinaire (droit, sciences de l’administration, philosophie) et comparée (Canada, Europe, États-Unis). Socialement importante, la problématique centrale du projet est également pertinente scientifiquement. Elle n’a donné lieu qu’à peu d’échanges et de partage de connaissances au Canada, contrairement à d’autres pays. S’étalant sur une année, les colloques veulent démarrer une discussion scientifique d’ampleur en la matière, ce qui explique les multiples partenaires impliqués. Les colloques feront aussi rayonner la recherche sur le sujet et alimenteront les réflexions canadiennes des législateurs et des entreprises. Un ouvrage collectif issu des présentations sera publié. Afin de créer une véritable dynamique de recherche et de partage continu des connaissances, le projet a deux autres objectifs. D’une part, le projet créera un réseau international de recherche pluridisciplinaire centré sur les thématiques abordées, avec la mise en ligne d’un blogue en relais. D’autre part, le projet placera la formation et le mentorat des étudiants, en particulier aux cycles supérieurs, au coeur des activités. En plus de participer aux colloques, ces derniers pourront présenter leurs travaux lors des ateliers de la relève (et certains lors des colloques) pour bénéficier d’une interaction avec les chercheurs du projet; ils joueront aussi un rôle actif dans l’organisation de l’événement et la publication de l’ouvrage collectif.